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Dulcibric-à-brac
12 avril 2020

The castle of Dromore

Dans le confinement comme en tout, il y a du bon et du mauvais. J'en retiens surtout le bon, qui consiste à relâcher la pression sur les services hospitaliers et par là-même épargner des vies. Dans le bon, il y a aussi tout ce temps après lequel je me tue d'habitude à courir et qui aujourd'hui me permet, enfin, de me consacrer à mon passe-temps favori : la musique.

Cela faisait plus d'un an que j'avais envie de créer une chaîne Youtube pour partager quelques vidéos de mes propres interprétations. C'est aujourd'hui chose faite et ma première vidéo est consacrée au Château de Dromore. Les petits curieux pourront peut-être aller y voir ...? Sinon, rendez-vous à la fin de cet article pour voir la vidéo, la partition et la tablature.

Je passe sur les détails technologiques qui ont mis mon vieux cerveau à rude épreuve, comme la recherche du matériel le plus adapté à la prise de son (le dulcimer n'étant pas un instrument très bruyant), la prise de vues, le montage etc., sans compter le travail graphique associé.

De plus, si je suis généralement capable de jouer un morceau d'un bout à l'autre sans erreur quand je suis seul, une émotivité constitutive fait que je m'emmêle les doigts une fois sur deux devant un public ou un objectif et un micro. L'autre fois sur deux, il m'arrive de perdre le fil et de ne plus savoir où j'en suis. Défaut de concentration, paraît-il ... Mes pauvres enfants, ne vieillissez pas!

castle_dromore_mike_searle

Dromore Castle (1) co. Limerick, Irlande - cc-by-sa/2.0 - © Mike Searle

La chanson "Le Château de Dromore" (angl. The Castle of Dromore) est au départ une berceuse (angl. lullaby) chantée sur un ancien air irlandais, peut-être celui d'une autre chanson ayant pour titre "Ma femme est malade" (angl. My wife is sick), elle-même collectée vers 1818 par Edward Bunting. Les paroles actuelles ont été écrites en anglais par Sir Harold Edwin Boulton (1859-1935), puis traduites en gaélique par Douglas Hyde (1860-1949), poète et écrivain irlandais, qui fut le premier président de la République d'Irlande, de 1938 à 1945.

Voir légende (i) en fin d'article

Beaucoup de gens pensent à tort que les paroles irlandaises sont plus anciennes que les paroles anglaises et remonteraient au XVIIIème siècle ... C'est en fait l'inverse et les paroles dans les deux langues ont été simultanément publiées en 1892 à Londres chez J. B. Cramer & Co., dans Songs of the Four Nations, (H. Boulton, ed.) avec des arrangements musicaux pour piano d'Arthur Somervell. Elle apparaît aussi dans Music Of Ireland (1850 Melodies) de O’Neill, où elle porte le numéro 52.

texte

Liens vidéo :
Castle of Dromore - version anglaise par Sheena. Caisleán Droma Mhór - version gaélique par Eithne Dunbar.

Voir légende (ii) en fin d'articleLa chanson est une berceuse chantée par Lady Dromore pour endormir son enfant, mais c'est aussi une lamentation adressée aux ancêtres: on est après tout dans un vieux château et tout vieux château a ses fantômes. En voici une traduction approximative de mon cru en français :

"Les vents d'octobre se lamentent autour du château de Dromore mais c'est la paix dans ses hautes salles, mon garçon pâle, mon chéri. Bien que les feuilles d'automne puissent tomber et périr, tu es un bourgeon du printemps."

"N'apportez pas le vent mauvais pour nous empêcher, mon enfant sans défense et moi, mauvais esprits de la Blackwater, fée de la mort du clan Owen et (vous), Sainte Marie ayez pitié et intercédez pour nous au ciel.

Puis la mère s'adresse directement à l'enfant, l'invitant à ne pas vouloir grandir trop vite et à rester dans le cadre protecteur du château ("dans le jardin de Dromore") avant de pouvoir voler de ses propres ailes :

"Prends le temps de grandir, mon rayon d'espoir, dans le jardin de Dromore, attention, jeune aigle, avant que tes ailes aient des plumes pour soutenir ton vol, un peu de repos et alors le monde sera plein de choses à faire."

Le nom Dromore et ses formes gaéliques (An) Drom Mór, (An) Droim Mór (fr. la grande crête) est un toponyme très répandu dans toute l'Irlande. Il y a quatre châteaux du nom de Dromore dans les contés de Down, Kerry, Limerick et Tyrone et on ne sait pas vraiment lequel fait l'objet du poème. Il faut aussi compter un château de Drumore en Ecosse, près de Campbeltown en Argyll, auquel The Corries font peut-être allusion dans leur version de la chanson :

Liens vidéo :
The Castle of Drumore - par The Corries. The Castle of Dromore - par les Clansy Brothers et Tommy Makem.

En Irlande, le château du conté de Kerry, situé près de Kenmare et construit en 1830, se trouve près d'une rivière nommée Blackwater (cf. "les mauvais esprits de la Blackwater", dans le second couplet), mais il faut savoir que c'est un nom donné à de nombreux cours d'eau en Irlande. La seule chose qui est sûre est que Harold Boulton, auteur (ou collecteur) des paroles de la chanson, a séjourné dans ce château. Il pourrait y avoir trouvé l'inspiration.

voir légende (iii) en fin d'article

Un château de Dromore situé dans le conté de Tyrone, dont je n'ai malheureusement pas trouvé d'illustration, semblerait cependant plus probable, à cause de l'étymologie du nom: Tyrone se dit en gaélique Tir Eoghan, c'est à dire le clan (ou les descendants d') Owen, également mentionné dans le second couplet.

Voir légende (iv) en fin d'articleEnfin, la banshee (gaél. bean-sidhe) est dans la tradition irlandaise un être surnaturel, mi-magicienne mi-messagère de l'Au-delà, qui annonce une mort imminente par ses chants funèbres (angl. keenings). Elle pouvait apparaître selon les cas comme une belle jeune fille ou une vieille femme décharnée. J'ai opté ici pour la première illustration ... Il semblerait que le clan Owen (ou Eoen) ait eu sa banshee attitrée. On comprend que le chant de la banshee, annonciatrice de mort, est aussi celui des vents d'octobre qui "se lamentent autour du château de Dromore" et que la mère craint pour la vie de son enfant.

On connaît cette chanson sous une variété d'autres titres : Cáislean Droma Mhor, Castle Of Drumore (en particulier celle déjà citée de The Corries), My Wife Is Sick And Like To Die (, Oh Dear What Shall I Do ?), (The) October Winds.

Sur le site The Session elle est classée comme valse et les partitions sont mesurées en 3/4. On en trouve par ailleurs d'autres versions plus anciennes en 6/8, et même en 6/4, comme celle chantée par les Clansy Brothers et Tommy Makem (voir lien vidéo plus haut). C'est la version mélodique qui me plait le plus et dont je me suis inspiré ici, mais en 6/8 avec un tempo de 80.

Et voilà le travail - d'accord, il y a encore des progrès à faire dans beaucoup de domaines :

Et voici la tablature correspondante :

Dromore_tab

icone_acrobatTélécharger le fichier au format Acrobat Reader (.pdf) :
Castle_of_Dromore_pdf

icone_tableditTélécharger le fichier au format Tabledit (.tef) :
Castle_of_Dromore_tef

 Pour le fun, voici quelques autres versions de (The) Castle of Dromore impliquant le dulcimer des Appalaches, trouvées sur Youtube :

Liens vidéo :
Castle of Dromore - par Nina Zanetti. Castle of Dromore - par Janene.
 
Castle of Dromore - par Celia Finestone et Judith Giddings. Castle of Dromore - par Maria Calfa-DePaul.

Bon confinement et ...

A+

Autres crédits photographiques :
i - [lien] Photo de Douglas Hyde (1860-1949) - Project Gutenberg eText 19028 - Extrait de Project Gutenberg's Irish Plays and Playwrights, par Cornelius Weygandt - Licence Project Gutenberg.
ii - [lien] Repos pendant la fuite en Egypte 1594-96 (détail) - par Michelangelo Caravagio - Galleria Doria Pamphilj (Rome, Italie) - The Yorck Project (2002) "10.000 Meisterwerke der Malerei" (DVD-ROM), distribué par DIRECTMEDIA Publishing GmbH, GNU Free Documentation License.
iii - [lien] Dromore Castle co. Kerry (Irlande) - Carte postale (vers 1900) - cc-public-domain.
iv - [lien] The Banshee (1902) - huile sur toile par Henry Justice Ford (1860–1941), illustrateur britannique. cc-public-domain.

 

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  • Autour du dulcimer des montagnes (ou des Appalaches) et d'autres instruments traditionnels, beaucoup de musique et de pratique, un peu d'histoire, de théorie, de souvenirs aussi, bref, tout un bric-à-brac, ... un dulcibric-à-brac.
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