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Dulcibric-à-brac
3 mai 2020

Des accords

On se souvient qu'il y a différentes façons de jouer du dulcimer. Il y a le jeu traditionnel, dit mélodie avec bourdons (angl. drone-melody style), apparu dans les Appalaches au XIXème siècle et un jeu plus moderne, venu avec le "renouveau folk" dans les années 60-70, dit mélodie avec accords (angl. chord-melody style), qui se rapproche du jeu de la guitare, mais sur trois cordes au lieu de six.

Comme je l'ai écrit dans [lien] Modes et modalité et [lien] A l'accordage), le jeu traditionnel est très dépendant de l'accordage. C'est une musique modale dont la ligne mélodique se base sur une finale à partir de laquelle on établit une séquence fixe d'intervalles, dans un ordre bien précis. La finale peut être sur la frette 0 (mixolydien), 1 (éolien), 2 (locrien), 3 (ionien) etc. de la chanterelle et les bourdons doivent s'accorder sur elle, en général à la quinte et à l'octave.

Le jeu moderne est plus souple et relève de la musique tonale avec des transpositions possibles, mais limitées dans un système diatonique. Peu importe l'accordage des autres cordes puisqu'on les "stoppe" chacune avec les doigts. Cela dit, il y a des accordages qui offrent plus de facilités pour le placement des doigts, sans avoir à trop les étirer. De mon point de vue,  l'accordage 1-5-8 est le plus commode et c'est d'ailleurs celui qui est le plus largement utilisé dans ce style de jeu. Peu importe qu'on joue en Do, Ré ou Mi, le doigté reste exactement le même. J'ai l'habitude de jouer en Do, mais comme la tonalité de Ré est la plus utilisée (1-5-8 = Ré-La-Ré' ou DAd), c'est celle que j'utiliserai ici pour illustrer mon propos.

Donc, dans le style "moderne" mélodie avec accords, comme le nom l'indique, on accompagne et on colore la ligne mélodique par des séries d'accords. Mais d'abord, qu'appelle-t-on un accord ?

Dès qu'on entend simultanément deux notes ou plus, il y a accord. Selon les notes, cet accord peut-être plus ou moins agréable à l'oreille. Agréable, on le dit consonant et désagréable, dissonant. Il y a des degrés dans la consonance et la dissonance. Certains accords sont plus agréables (ou plus désagréables) que d'autres. C'est une histoire compliquée, qui renvoie à des notions d'acoustique et de physiologie de l'audition (psychoacoustique). Les sons consonants ont en commun des fréquences harmoniques (voir [lien] Petits jeux harmoniques, du 15/03/2019), et ils sont d'autant plus consonants qu'ils en partagent un plus grand nombre. C'est aussi une question de culture : nous trouvons aujourd'hui plaisants des accords qui semblaient horriblement dissonants, par exemple, aux oreilles médiévales (voir [lien] Diabolus in musica).

J'ai déjà expliqué les notions d'intervalle et de hauteur des notes (voir [lien] Intervalles en fréquences et [lien] Ton, tontaine et demi-ton). On sait depuis l'Antiquité que l'octave est considérée par de nombreuses cultures comme la consonance par excellence, suivie de près par la quinte et son complément à l'octave, la quarte. Pour mémoire, je remets ici le schéma de la décomposition de l'octave (5 tons et deux demi-tons) en quinte (3 tons et un demi-ton) et quarte (deux tons et un demi-ton) sur une gamme diatonique de Ré, avec la distribution des tons pleins (T) et demi-tons (d) :

Structure de l'octave

touche_DADC'est exactement ce que nous avons dans l'accordage 1-5-8 du dulcimer : les deux cordes extérieures, basses (en haut sur la photo) et chanterelle (en bas), sont accordées à l'octave et la corde médiane, à la quinte des basses, donc à la quarte de la chanterelle (je considère toujours la chanterelle comme une corde unique, même s'il lui arrive d'être dédoublée à l'unisson sur certains instruments).

D'autres consonances sont venues s'ajouter à celles-ci au cours de l'Histoire. Il s'agit en particulier des tierces et des sixtes. Les tierces et les sixtes sont complémentaires dans l'octave et se répartissent en deux catégories, majeures et mineures. La tierce majeure (3M, 2 tons pleins) a pour complément dans l'octave une sixte mineure (6m) et la tierce mineure (3m, un ton et un demi-ton) a pour complément dans l'octave une sixte majeure (6M). Je rappelle à ce propos que sur la touche d'un dulcimer, les tons pleins correspondent aux grands espaces entre les frettes et les demi-tons aux plus étroits. Enfin, une tierce majeure + une tierce mineure forment une quinte juste : 3M + 3m  (trois tons et un demi-ton) = 5te :

structure_quinte

Il est aussi important de connaître l'ordre des intervalles et les noms des notes (on dit les degrés) qui les encadrent dans une gamme diatonique. Les degrés sont indiqués par des chiffres romains et reçoivent des noms en fonction de leur position. Voici les degrés d'une gamme de Ré majeur sur la chanterelle d'un dulcimer (les chiffres arabes sont les n° de frettes sous la chanterelle - 0 est la corde à vide = sans les doigts) :

Créé avec TablEdit

Noter qu'en mode majeur on utilise la frette 6+, qui permet d'avoir une sensible (Do#/C#) sous la tonique. La frette 6 donnerait une sous-tonique (Do/C).

Degrés d'une gamme majeure

Les notes qui nous intéressent ici sont la tonique, qui donne son nom à l'accord, la médiante et la dominante. Dans l'accord, ces trois-là changent de nom (désolé...) et deviennent respectivement la fondamentale, la tierce et la quinte, assimilant les intervalles aux notes qui les bornent. Les accords parfaits majeurs sont ceux dont la première tierce est majeure. Les accords parfaits mineurs sont ceux dont la  première tierce est mineure. C'est clair, net et sans bavure. Le jeu consiste maintenant à construire tous les accords parfaits de notre gamme, en prenant pour fondamentale chacun de ses degrés. J'ai surligné les tierces à la fondamentale (intervalles) pour une lecture plus facile : 3M en orange et 3m en vert et les quintes (notes) sont indiquée en rouge :

Accords du mode majeur

On voit que la gamme diatonique impose le mode des accords construits sur les différents degrés. Nous avons trois accords parfaits majeurs sur les degrés I (Ré/D), IV (Sol/G) et V (La/A), degrés que j'ai indiqués par des chiffres romains majuscules, et trois accords parfaits mineurs sur les degrés ii (Mim/Em), iii (Fa#m/F#m), vi (Sim/Bm), que j'ai indiqués par des chiffres romains minuscules.

J'ai utilisé une couleur différente (bleu) pour le degré vii car, s'il a bien une tierce mineure comme les autres accords mineurs, il n'est pas parfait. Sa quinte à la fondamentale ne comporte en effet que trois tons (en fait, deux tons et deux demi-tons). C'est une quinte diminuée - un des deux avatars du fameux triton (voir [lien] Diabolus in musica du 01/09/2018).  Il lui manque un demi-ton, d'où le petit ° en indice du degré. On parle d'accord diminué (noté Do#Dim/C#Dim ou Do#/C#m(b5).

Mais revenons à notre dulcimer. Les cordes à vide (= sans mettre les doigts) nous donnent, du grave à l'aigu, l'accord Ré-La-Ré' (accordage 1-5-8). C'est quoi ça ? Voyons voir : On a bien La à la quinte de Ré ... OK,  et La est à la quarte de Ré' .... Panique ! Il n'y a pas de tierce !

Ben non, puisque ça n'est pas un accord parfait. C'est ainsi ! C'est un accord sans tierce. On ne peut donc pas dire si c'est un accord majeur ou mineur. Et c'est un grand avantage, puisqu'on peut l'utiliser dans n'importe quel mode. Les musiciens de rock appellent cela un power chord. On les appelle aussi accords de quinte ou accords modaux. Moi, je préfère parler d'accord passe-partout et on les représente avec le chiffre 5 (Ré5/D5, Mi5/E5, Fa#5/F#5 etc.), pour indiquer qu'ils n'ont que la quinte (en plus de l'octave et de la quarte complémentaire, évidemment).  Et le plus beau est qu'il en existe un pour chacun des degrés de la gamme. Voici les principaux, toujours en accordage DAd :

Créé avec TablEdit

La fondamentale, qui donne son nom à l'accord, se lit indifféremment sur la corde des basses (D) ou sur la chanterelle (D).

Le moyen d'obtenir ces accords est de barrer les cordes en travers de la touche, soit avec le tranchant de la main, soit avec trois doigts. Il y a les deux écoles. Personnellement, je préfère les trois doigts, sauf quand je ne peux pas faire autrement, par exemple tout à fait en haut de la touche, dans les aigus.

Accords barrés

Dans un registre assez proche, on trouve ce que j'appelle les accords en chevron, aussi dits en V (<) et en flèche (>). La nuance porte simplement sur le sens du décalage de la note médiane (= la fondamentale) d'une frette par rapport aux deux autres. Les accords en V sont des accords sans tierce, au même titre que les barrés. Attention toutefois que le barré sur la première frette (1-1-1) est un Mi5 (E5) alors que l'accord en V (1-0-1) est un La5 (A5) !

Créé avec TablEdit

Les accords en flèche sont, quant à eux, des accords sans quinte. C'est à dire qu'ils n'ont que la fondamentale et la tierce. Ils sont donc majeurs ou mineurs selon la qualité de cette tierce. On peut omettre la quinte d'un accord parfait si elle est juste, en dédoublant la fondamentale à l'octave. C'est exactement ce que font les accords en flèche et c'est, paraît-il, une pratique courante en jazz. On peut éventuellement signaler l'omission de la quinte par (om5). Exemples :

Accords en chevrons

Pour former un accord parfait, majeur ou mineur, il est très facile de rajouter la tierce à un accord barré. Elle se trouve deux espacements plus haut sur la chanterelle. En mettant juste un doigt à la frette n°2 de la chanterelle, par exemple, on obtient Ré-La-Fa#  (D-A-F#). La (A) est à la quinte de Ré (D) et Fa# (F#) à la tierce majeure. C'est un accord de Ré majeur (D) qu'on représente sur les tablatures par la séquence 0-0-2 (soit les n° des frettes en commençant par les basses).

Accords en "L"

Sur un accord barré avec trois doigts, je vais chercher la tierce avec le pouce. Je garde toujours l'annulaire dans la position du barré, derrière le pouce sur la chanterelle, ce qui permet de revenir rapidement à cet accord avec le mouvement mélodique, sans avoir à replacer les doigts. On en verra l'utilité un peu plus loin.

Le dessin formé par les trois doigts du barré et la position du pouce sur la chanterelle évoque la lettre L, d'où le nom d'accords en "L" donné à ces combinaisons. Exemples :

Accords en "L"

La fondamentale (en bleu) est sur la corde des basses, sous mon index sur la photo, au bout de la petite branche du L. La position sur la chanterelle (entre parenthèses) est facultative, mais extrèmement pratique.

Sur la première octave, les accords parfaits en L sont (en accordage 1-5-8 DAd) :

Créé avec TablEdit

Un accord parfait peut aussi s'obtenir en diagonale sur trois frettes consécutives, par exemple 2-3-4 = Fa#-Ré-La (F#-D-A). L'ordre des notes est changé, ce qui donne une "couleur" différente à l'accord.

Accord en diagonale simple

Dans ce cas précis nous avons, du grave à l'aigu, la sixte majeure Fa#-Ré (F#-D), qui est le renversement de la tierce mineure Ré-Fa# (D-F#). La fondamentale est donc Ré (D) et c'est un accord de Ré majeur (D). Nous avons bien la quinte juste Ré-La (D-A). Noter que la fondamentale (en bleu ci-dessous) apparaît cette fois sur la corde médiane, toujours sous mon index sur la photo précédente. Exemples :

diag_chord_shape

Sur la première octave, les accords parfaits en diagonale sont (en accordage 1-5-8 DAd) :

Créé avec TablEdit

note_orange

On voit que le caractère parfait de l'accord oblige à choisir entre les frettes 6 (Do, Sol) et 6+ (Do#, Sol#). L'accord Fa# mineur (F#m) est parfait avec Do# (frette 6+) mais serait un accord diminué avec Do (frette 6). L'accord de Sol (G) est parfait majeur avec Sol (G) sur la frette 6 mais serait lui aussi diminué avec Sol# (G#) à la frette 6+, etc.

Il existe aussi une forme d'accords en diagonale étirée, qui s'obtient en allant chercher la note aiguë sur la chanterelle une frette plus haut que dans la diagonale (suivez le pouce...). Soit par exemple 1-2-4 = Mi-Do#-La (E-C#-A).

Accord en diagonale étirée

Nous avons, du grave à l'aigu, la sixte majeure Mi-Do# (E-C#), qui est le renversement de la tierce mineure Do#-Mi (C#-E), mais aussi la sixte mineure Do#-La (C#-A), qui est quant-à elle le renversement de la tierce majeure La-Do# (A-C#). Alors, quelle tierce choisir ? Majeure ou mineure ? La quarte Mi-La (E-A) est le renversement de la quinte La-Mi. C'est donc l'accord de La majeur (A) La-Do#-Mi (A-C#-E). Et ainsi de suite ... La fondamentale (en bleu ci-dessous) est maintenant sur la chanterelle, sous mon pouce sur la photo précédente.

diag_ext_chord_shape

 

Sur la première octave, les accords parfaits en diagonale étirée sont (en accordage 1-5-8 DAd) :

Créé avec TablEdit

Comme à chaque fois, on retrouve les trois accord parfaits majeurs : Ré (D), Sol (G) et La (A) et trois accords parfaits mineurs : Si (Bm), Mi (EM) et Fa# (F#m). L'accord majeur sur Do (C) s'obtient en trichant un peu avec les frettes 6/6+, pour éviter la diminution du degré VII).

Noter qu'en accordage 1-5-8 (Dad), les notes de la corde des basses sont les mêmes que sur la chanterelle, à l'octave près. Toutes ces structures d'accords peuvent donc être inversées : Mi mineur (Em) en 1-1-3 (forme L) par exemple peut aussi s'obtenir, avec un léger changement de timbre, par les positions 3-1-1 (L inversé). Il en va de même pour les diagonales, bien sûr. Pour l'accord parfait de Ré majeur (D), les couples de possibilités sont les suivants :

Inversions d'accords

Voici un exemple de cadence, en Mi mineur qui se laisse encore fretter relativement facilement :

Créé avec TablEdit

Note

Ecouter l'extrait :

Autrement, je n'utilise ces figures inversées que dans des cas biens particuliers, car leur doigté n'est pas toujours évident, surtout vers le haut de la touche. Le L inversé 2-0-0 permet par exemple d'avoir un Ré majeur (D) avec la chanterelle à vide. Idem pour l'accord de Sol majeur (G) en diagonale étirée inversée 3-1-0.

Il y a, à côté des accords parfaits et de leurs dérivés, une classe d'accords très importants qu'on appelle accords de septième. Les accords parfaits se satisfont de trois notes. Les accords de septième en demandent normalement quatre, ce qui peut passer pour de la provocation aux yeux et aux oreilles d'un joueur de dulcimer à trois cordes ...!

L'accord de 7ème ajoute à l'accord parfait une nouvelle note à l'aigu, correspondant à la septième note au dessus de la fondamentale. C'est donc assez logique, mais différents cas de figure apparaissent selon que l'intervalle de 7ème est mineur (7m) ou majeur (7M), autrement dit selon que la 7ème note est à un demi-ton (7M, ex. Do#-Ré') ou un ton plein (7m, ex. Ré-Mi') en dessous de l'octave de la fondamentale :

Accords de septième

Les intervalles de 7ème sont considérés comme des dissonances et ils introduisent une certaine tension dans l'harmonie, une certaine angoisse qui demande à être calmée. C'est particulièrement vrai pour l'accord de 7ème de dominante, porté par le degré V (la dominante du ton) et seul dans la série à associer une 7ème mineure à un accord parfait majeur. L'instabilité qu'il produit appelle une résolution, qui se traduit par un retour vers l'accord de tonique, donc ici par exemple un retour de La7 (A7) vers Ré (D) majeur (résolution naturelle, dans ce cas). C'est ce qu'on appelle une cadence parfaite, dans laquelle deux notes bougent en sens inverse, par un mouvement obligé d'un demi-ton :

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La première mesure du schéma ci-dessus montre côte à côte un accord de 7ème de dominante (La7/A7), La-Do#-Mi-Sol et un accord de Ré (D) majeur : Ré-Fa#-La. Le jeu de la cadence consiste à faire monter la sensible du ton (ici Do#/C#) sur la tonique (Ré/D, en rouge) et à faire simultanément descendre Sol (G) sur Fa# (F#, en vert). La fondamentale La (A) de l'accord de 7ème pouvant être considérée équivalente à la quinte La' de l'accord parfait, il n'y a que ce Mi (E) dans l'accord de 7ème dont on ne sait pas quoi faire. Il est facile et courant de le supprimer, donnant ainsi un accord de 7ème de dominante sans quinte. La seconde mesure montre les mouvements finaux et cette cadence devient parfaitement réalisable sur un dulcimer à trois cordes !

Ecouter l'extrait :

Cadence parfaite

Un dernier petit point avant de conclure concerne ce que Stephen Seifert appelle le minimal chord melody style, littéralement style minimum de mélodie avec accords, qu'il aurait appris du Maître David Schnaufer. Le principe en est simple et très efficace quand on doit jouer des airs rapides : il suffit de ne pas jouer certaines notes, en particulier celles qui ne sont pas essentielles à la couleur de l'accord. On peut ainsi omettre des quintes ou des octaves. On gardera juste les tierces qui donnent le mode majeur ou mineur, et bien sûr les septièmes pour leur intérêt harmonique.

Je n'ai pas adopté ce principe pour toutes les notes - je trouve que certains accords complets apportent trop d'émotion pour être ainsi amputés. Voici par contre un exemple que j'utilise assez souvent dans les descentes (ou les montées) rapides le long de la touche. Il s'agit (initialement) d'une suite d'accords en diagonale inversée, mais en laissant sonner la corde des basse comme un bourdon, comme dans le jeu traditionnel :

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Ecouter l'extrait :

Bonne lecture et bonne écoute.
A+

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